Quitter sa maison n’est jamais simple. Que ce soit pour une résidence pour aînés ou un appartement plus petit, quitter sa maison laisse une cicatrice. C’est mourir un peu en quelque sorte. C’est une épreuve qui amène éventuellement un deuil (deuil de la maison).

On peut ressentir de la tristesse, avoir peur, et comme pour tout deuil, il est bénéfique de partager ses émotions et de ne pas minimiser son ressenti. Sans oublier d’aller chercher du soutien si nécessaire et de se donner du temps.

Cet article traite du deuil de la maison lorsqu’on avance en âge et que l’on doit se séparer de son chez-soi.

 

La maison

La maison, c’est le refuge. C’est là où on a vécu toutes sortes d’émotions. La maison est beaucoup rattachée à la famille et aux enfants. C’est beaucoup de souvenirs, de fêtes, de chaleur et de repas entre amis. La forme de la maison (ex. appartement, bungalow) est secondaire. C’est ce qu’on a investi dans la maison au niveau émotif qui importe.

C’est dans la maison que l’on cuisine, que l’on se lave, se repose, que l’on raconte et que l’on échange. On s’y réchauffe, rit, pleure et rêve. Car la maison et son intérieur ne sont pas des espaces que l’on habite de façon mécanique. Les gestes que l’on y effectue au fil du temps, jour après jour, ne sont pas des actes anodins. Ceux-ci forgent à coup sûr notre vécu.

Ainsi, nous portons la maison en nous comme elle nous porte en elle. La maison est une coquille protectrice; elle est notre double. Elle est comme un prolongement du corps : les murs sont la peau de l’homme, les tuyaux et les conduits représentent les veines et les artères, tandis que les poutres sont le squelette.

Le deuil de la maison

La disparition de la maison est comme le corps sans coquille; un rappel à la fragilité de la vie. Le deuil de la maison dépasse la perte matérielle. C’est se défaire d’une partie de soi.

C’est une transition au cours de laquelle l’âme est fragilisée, débalancée, voire menacée. D’où l’importance de reconnaître ce qui était, de le reconstituer par des gestes, des actes, paroles et récits.

 

Les rituels

Comme pour le deuil d’un défunt, les rituels permettent de surmonter la perte, de se relever et de recommencer. En prenant le temps de mettre un terme à la relation avec le lieu habité, on part sans lourdeur ni regrets. On peut mieux se tourner vers une nouvelle histoire. Les rituels peuvent accompagner le déménagement. Ils sont très intimes et s’effectuent souvent en famille ou avec des amis proches. Cela peut être de :

  • Faire honneur à sa maison une dernière fois (lui écrire comme si c’était une personne aimée, organiser un dernier souper et revivre une dernière fois la chaleur du foyer, raconter un moment agréable ou important vécu dans la maison).

  • Réaliser des actions qui opèrent un détachement (dire « au revoir » verbalement à sa maison, faire une cérémonie d’adieu).

  • Conserver les souvenirs (conserver photos, bibelots, lettres, objets de voyage, etc.).

  • Revisiter les lieux par le biais de l’imagination.

Revenir sur les lieux de la maison. Trouver un équilibre entre le désir de retrouvailles et la maîtrise de sa nostalgie. Il faut s’attendre à voir des changements ou des travaux effectués par les nouveaux occupants. Pour d’autres, ce sera préférable de fermer la porte, regarder ailleurs et ne plus revenir dans les parages de la maison.

On peut aussi être imaginatif dans nos rituels :

  • Laisser une marque (ex. initiales sur un arbre).

  • Prendre soin de la maison pour les futurs propriétaires.

  • Prendre quelque chose avec soi (ex. prendre une plante et la replanter dans le nouveau lieu).

  • Faire une création à propos de la maison (ex. poème, récit, chanson, dessin, peinture, etc.).

 

Le nouveau lieu

Même si la « mort » de la maison nous laisse endeuillés d’une partie de nous-même, cela ne représente pas une fin en soi. La maison meurt, mais le corps, lui, aussi longtemps qu’il est en vie, se transpose dans la nouvelle demeure.

Déménager dans une résidence pour aînés ou un appartement plus petit est une nouvelle étape qui commence. Un recommencement du récit. C’est un peu comme se lancer dans le vide.

Un vide qui peut entraîner une perte d’équilibre et du sens de l’orientation. Il faut s’adapter aux changements : hauteur des marches d’escalier, la manière dont s’ouvrent les portes et les fenêtres, les repères visuels, etc.

C’est aussi le moment de se demander si nous emportons tel ou tel objet dans notre nouvelle vie. On peut être tenté de tout emporter (même les objets sans valeur ou qui ne sont plus utilisés), mais il peut être judicieux de conserver ce qui correspond à nos nouvelles aspirations. C’est également l’occasion de réunir la famille et de demander à chacun s’ils souhaitent récupérer certains objets.

 

Se préparer au changement de résidence

Il est important de discuter de la transition avec ses proches et de leur demander du soutien physique et moral durant cette période charnière.

Le déménagement devrait également être bien planifié :

  • Remplir les documents administratifs liés au nouveau bail;

  • Nettoyer, réparer et rénover;

  • Mettre en vente la maison ou non-renouvellement du bail en cour;

  • Réfléchir au prochain milieu de vie;

  • Tri de ses biens (objets à conserver, les souvenirs à laisser à la famille, objets à vendre ou à donner, objets à jeter);

  • Faire les boîtes;

  • Aménager et décorer le prochain milieu de vie aux couleurs de notre personnalité;

  • Prendre le temps de se reposer (se laisser le temps de s’habituer à son nouveau chez-soi);

  • Faire les changements d’adresse.

 

Faire le deuil de sa maison: en conclusion

Quitter sa maison lorsqu’on avance en âge, c’est bien plus que la perte matérielle. C’est perdre une partie de soi. Pour certains, c’est un véritable choc psychologique.

Pour faire le deuil de sa maison, il faut indéniablement faire preuve de résilience. Cela signifie entres autre partager ses émotions, aller chercher du soutien dans l’entourage, s’adonner à des rituels, trouver des moyens pour s’adapter aux changements et bien planifier son déménagement.

C’est précisément notre résilience qui nous permettra de rebondir, de reprendre notre route et de nous approprier un nouveau lieu.

En fait, bien que nous ayons laissé notre maison physiquement, il peut également être réconfortant de se dire que celle-ci demeurera toujours en nous.

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