Vous venez de souffler vos 80 bougies. Plutôt sédentaire, en surpoids, votre force et votre équilibre ne sont plus ce qu’ils étaient auparavant. Vous craignez de plus en plus de faire une chute. Vous avez même délaissé certaines activités, ce qui vous amène à vous isoler socialement. Votre santé émotionnelle en prend un coup. Vous avez songé à vous inscrire à un programme de prévention des chutes à votre CLSC, mais vous vous demandez si cela vous aidera.

Et puis, pourquoi pas ? Vous décidez de prendre le taureau par les cornes et de faire face à votre peur.

Sans tomber dans les scénarios catastrophes, les chutes sont à prendre au sérieux. Saviez-vous qu’elles sont la principale cause de blessures chez les aînés (INSPQ, 2018) ?

Au Québec, un aîné sur cinq vivant à domicile a rapporté avoir déjà fait une chute. Ce n’est pas peu. Cette proportion augmente avec l’âge et est plus élevée chez les femmes que chez les hommes.

 

Une chute, ça veut dire quoi au juste ?

 

Voilà un mot que vous avez forcément déjà entendu. Mais que signifie-t-il exactement ?

C’est, selon l’organisation mondiale de la santé :

Un événement à l’issu duquel une personne se retrouve, par inadvertance, sur le sol ou sur toute autre surface située à un niveau inférieur à celui où la personne se trouvait précédemment. 

Maintenant que le concept est défini, vous vous demandez probablement qu’est-ce qui augmente le risque de chute ? Vous vous dites : « Suis-je à risque ? »

 

Les facteurs de risque de chute

 

Chez les aînés, les facteurs de risque de chute sont nombreux et ils agissent souvent en interaction. Ils comprennent les caractéristiques de la personne, ses habitudes de vie et les facteurs environnementaux.

 

Caractéristiques de la personne Habitudes de vie Facteurs environnementaux
Diminution de la force musculaire Consommation excessive d’alcool et tabagisme Éclairage insuffisant
Affaiblissement de l’équilibre Sédentarité Obstacles au sol
Problèmes de santé chroniques Alimentation inadéquate Absence d’équipements sécuritaires
Prise de plusieurs médicaments Utilisation d’aide à la mobilité
Poids corporel excessif Difficulté à accomplir les activités de la vie quotidienne

Problèmes de santé chroniques

D’abord, il a été démontré que le risque de chute augmente avec la présence de certains problèmes de santé physique chroniques. Ainsi, les aînés souffrant d’arthrite présentent un risque élevé de chute en raison d’une diminution de la force musculaire des membres inférieurs et de troubles des fonctions neuromusculaires. Les personnes âgées atteintes de diabète ont un risque accru de chutes à cause des neuropathies périphériques et des troubles de la marche qui se développent au fil des années. Les maladies cardiovasculaires sont également associées aux chutes, notamment l’hypotension, l’hypertension et la fibrillation auriculaire.

 

Polymédication

Sachez que la polymédication est un facteur de risque de chute reconnu. L’utilisation de certaines classes de médicaments telles que les sédatifs-hypnotiques, les antidépresseurs ou les benzodiazépines augmente significativement le risque de chute chez les aînés.

Poids corporel excessif

Un poids corporel excessif peut perturber l’équilibre, accroître l’instabilité et ainsi augmenter les risques de chute.

 

Tabagisme

Le tabagisme constitue un facteur de risque de chute et de fracture du col fémoral puisqu’il accroît la perte osseuse et diminue la résistance des os longs.

 

Caractéristiques socioéconomiques

Il faut souligner aussi que les caractéristiques socioéconomiques des aînés ont un impact sur le risque de chute. De ce fait, les aînés moins scolarisés, à faible revenu et vivant seuls sont plus à risque de chute que ceux qui sont plus éduqués, plus favorisés matériellement ou qui vivent en couple.

 

Qu’en est-il des conséquences des chutes?

 

Les chutes ne sont pas inoffensives. Elles imposent un lourd fardeau sur le système de santé et diminuent la qualité de vie. Elles entraînent souvent une perte d’autonomie et peuvent précipiter l’hébergement en institution. Les conséquences sont encore plus graves chez les personnes de 65 ans et plus.

Les chutes sont souvent à l’origine de fractures de la hanche. Quelle soit de faible ou de fort impact, la fracture de la hanche est une urgence médicale qui requiert une intervention chirurgicale. Après la chirurgie, le patient doit entreprendre un programme de réadaptation auprès d’un physiothérapeute afin de rétablir la souplesse de la hanche et la force musculaire. En dépit des exercices en physiothérapie, il reste que la moitié des personnes âgées ayant subi une fracture de la hanche ne retrouvent jamais complètement leurs capacités fonctionnelles.

Vous vous en doutez, les chutes peuvent également provoquer des décès résultant de traumatismes crâniens. Au Québec seulement, entre 2000 et 2016, 15 761 décès sont survenus en raison d’une chute, ce qui correspond en moyenne à 927 décès par année.

Nous avons donc tout intérêt à axer nos efforts sur la prévention.

 

Comment vous pouvez prévenir les chutes ?

Pour prévenir les chutes, il est important que vous préveniez les maladies chroniques et que vous adoptiez de saines habitudes de vie. Il est en outre reconnu que la pratique régulière d’activités physiques contribue à réduire le risque de chutes. L’activité physique optimise la force et l’endurance musculaires, l’équilibre, la coordination et la souplesse.

 

Programmes de prévention des chutes

Au Québec, il existe des programmes de prévention des chutes selon que le risque de chute est faible, modéré ou élevé :

  • Le programme intégré d’équilibre dynamique (PIED) : ce programme est offert aux personnes âgées à faible risque de chute vivant dans la communauté afin de les aider à maintenir leur force musculaire et leur équilibre.

Le programme PIED dure 12 semaines à raison de deux rencontres par semaine. Il comprend des exercices en groupe (équilibre, assouplissement, renforcement), des exercices à faire à domicile, des échanges en groupe sur la prévention des chutes et des évaluations des capacités des participants.

  • L’intervention multifactorielle personnalisée (IMP) : ce programme agit sur les facteurs de risque de chutes chez les personnes âgées tels que l’environnement domiciliaire et les médicaments. Il cible les aînés inscrits aux services de maintien à domicile ayant une plus grande perte d’autonomie et qui sont à risque plus élevé de chutes.

  • Les mesures de prévention clinique (MPC) : ce programme vise à agir sur les facteurs de risque de chutes dans le cadre d’activités cliniques. Les interventions ciblent les aînés à risque modéré ou élevé de chutes.

Astuces permettant de prévenir les chutes

Il y a fort à parier que vous voulez connaître d’autres astuces permettant de prévenir les chutes. En voici quelques-unes :

  • Porter de bonnes chaussures bien ajustées à semelle antidérapante.

  • Prendre soin de ses pieds pour plus de stabilité.

  • Vérification des médicaments.

  • Vérification de la vue (Les optométristes recommandent aux personnes de 65 ans et plus de passer chaque année un examen de la vue).

  • Boire assez d’eau car la déshydratation peut causer des étourdissements et provoquer une chute.

Site web du mois de la prévention des chutes

Envie d’en savoir plus côté prévention ? N’hésitez pas à aller consulter le site web du mois de la prévention des chutes, qui est une mine d’or d’information. Ce site fait la promotion d’activités de prévention des chutes telles que par exemple la marche en hiver en toute sécurité ou des programmes d’exercices (https://www.novembresanschute.ca/adultes/passez-a-laction-adultes/idees-dactivite)

 

Adaptation domiciliaire

Adapter le domicile permet de réduire le risque de chutes. Cela peut être :

Installer un bon éclairage à l’intérieur et à l’extérieur de la maison.
Désencombrer les pièces (éviter de laisser traîner des articles tels que par exemple des fils électriques et des rallonges).
Garder les marches en bon état (leur surface ne doit pas présenter d’irrégularités).
Installer des barres d’appui (ex. bain, toilette).
Enlever les tapis ou poser des tapis antidérapants dans la maison. Installer un siège de toilette surélevé.
Installer une douche-téléphone.
Bandes adhésives dans la baignoire et tapis antidérapant à la sortie du bain.
Aides techniques permettant d’effectuer les soins d’hygiène en position assise (planche de bain, banc de douche).
S’assurer que le téléphone est à portée de la main.

Voyons maintenant comment renforcer la sécurité dans les activités de la vie quotidienne…

 

À l’épicerie

 

Choisissez le moment opportun pour faire votre épicerie : quand vous avez le plus d’énergie et lorsque les magasins sont moins achalandés pour éviter de vous faire bousculer. Utilisez tout ce qui est muni de roulettes (ex. un chariot) pour rapporter votre épicerie à la maison.

 

Dans la cuisine

 

Gardez les articles que vous utilisez le plus sur les étagères les plus basses. Utilisez de la vaisselle légère et utilisez un tabouret-escabeau stable plutôt qu’une chaise.

 

Lors des tâches d’entretien

 

Utilisez des accessoires de nettoyage avec de longs manches. Évitez de vous pencher et de vous étirer. Utilisez une balayeuse légère.

 

Prendre son temps

 

On le dit souvent : prendre son temps, changer de position lentement, aide à prévenir les chutes. En effet, des gestes rapides ou brusques peuvent provoquer des étourdissements ou des faiblesses. L’empressement, que ce soit dans l’escalier, pour répondre au téléphone ou dans la cuisine, peut aussi provoquer des accidents.  

 

 

Comment appeler à l’aide lors d’une chute

Et si, en dépit des mesures de prévention, la chute survient, il est très utile d’avoir un dispositif personnel d’urgence. Ce dispositif envoie un signal à une centrale accessible 24h sur 24. Cela permet à la personne âgée de recevoir une aide immédiate simplement en appuyant sur un bouton. La personne doit porter l’appareil sur elle ou le garder à portée de la main.

Et vous dans tout ça

 

Vous êtes maintenant sûr, à présent, que les chutes sont lourdes de conséquences. Elles vous font toujours un peu peur. Or, avec le programme PIED du CLSC et les exercices physiques qui en découlent, vous avez renforcé votre force musculaire et votre équilibre.

Vous avez, dès lors, une meilleure compréhension des facteurs de risque de chute. Vous vous donnez ainsi comme objectif d’augmenter votre niveau d’activité et de diminuer votre poids corporel. Pourquoi ne pas, en outre, réaménager votre intérieur de façon à désencombrer les pièces de votre maison ?

Et surtout, vous désirez prendre (enfin) votre temps pour faire les choses.