« Je serai incapable de parler »

 

« J’ai l’air anormal »

 

« Je suis ennuyeux »

 

« Ils pensent que je suis stupide »

 

« Ils ne m’aiment pas »

 

Voilà des pensées typiques d’une personne souffrant d’anxiété sociale (ou de phobie sociale). La personne se déprécie et est très préoccupée par le jugement des autres.

 

On peut définir l’anxiété sociale comme la peur de situations dans lesquelles la personne est observée par autrui. La personne craint d’être humiliée ou embarrassée par sa façon d’agir ou par ses symptômes d’anxiété comme le rougissement ou les tremblements. Même si la personne sait que sa peur est excessive ou irrationnelle, elle redoute la plupart des situations sociales, qu’elle tente d’éviter ou tolère avec difficulté.

 

L’anxiété sociale, qui fait partie de la grande famille des troubles anxieux, touche environ 7% de la population.

 

Dans cet article, nous verrons comment mesurer l’anxiété sociale, les facteurs de risque et les symptômes de ce trouble, les principales peurs des phobiques sociaux et les répercussions dans la vie de la personne. Ensuite, nous discuterons de comment combattre l’anxiété sociale. Pour ce faire, nous porterons attention aux traitements de même qu’aux organismes montréalais venant en aide à cette population.

 

 

Comment mesurer l’anxiété sociale ?

 

L’anxiété sociale peut être mesurée à l’aide de l’échelle de phobie sociale de Liebowitz, qui est à la disposition des médecins et des psychologues. Elle permet de valider objectivement le diagnostic de phobie sociale et d’évaluer l’intensité de l’anxiété sociale présentée par le patient. L’anxiété sociale peut également être mesurée avec l’échelle de cotation de la phobie sociale de Wells (1997).

 

 

Les facteurs de risque

 

L’anxiété sociale n’a pas de cause clairement identifiée. Une combinaison de facteurs biologiques, héréditaires et environnementaux entraîne l’apparition du trouble.

 

Au niveau biologique, des études mettent en avant la présence de perturbations dans les taux de cortisol (hormone du stress) chez les phobiques sociaux. D’autres recherches se sont intéressées à la perturbation des neurotransmetteurs chez cette population. Il y aurait un hyperfonctionnement du système noradrénergique et une hypoactivité du système dopaminergique.

 

Au niveau héréditaire, bien qu’aucun gène n’ait été clairement identifié, les études mettent en avant un risque familial. Si l’un des membres d’une famille souffre d’anxiété sociale, il y a plus de chances qu’un autre membre de cette famille soit atteint par ce trouble, que dans une famille où personne n’est atteint.

 

Au niveau de l’environnement, notamment familial, des études montrent que les phobiques sociaux sont souvent issus de familles dans lesquelles il y a peu d’interactions avec l’environnement extérieur. Dans leur enfance, ils auraient été surprotégés par leurs parents qui ne les auraient pas incités à aller au contact des autres.

 

On retrouve aussi souvent des événements marquants en lien avec l’exposition au regard des autres qui peuvent avoir précipité l’apparition du trouble. Si, par exemple, une personne a vécu de l’intimidation ou si elle a été ridiculisée devant un groupe, il se peut qu’elle ait de la difficulté à prendre la parole en public par la suite.

 

Les personnes à risque

 

L’anxiété sociale touche également les hommes et les femmes. Il a été constaté que les personnes souffrant de phobie sociale présentent souvent d’autres troubles psychologiques tels que : un autre trouble anxieux, une dépression, une consommation excessive de substances ayant des propriétés anxiolytiques comme l’alcool, etc.

 

 

Les symptômes : comment se manifeste cette peur ?

 

Les personnes qui présentent de l’anxiété sociale ressentent de l’anxiété dès qu’elles sont en présence de ce qui leur fait peur ou dès qu’elles prévoient y faire face.

 

L’anxiété sociale s’accompagne souvent d’un ou de plusieurs des symptômes suivants : accélération du rythme cardiaque, serrement de poitrine, respiration accélérée, bouche et gorge sèches, tremblements, transpiration excessive, douleurs musculaires, maux de ventre, diarrhée ou inconfort abdominal, rougissement, confusion. La personne a alors tendance à focaliser son attention sur ces manifestations, ce qui a pour effet de les amplifier et donc d’augmenter l’anxiété. L’anxiété sociale peut aussi être accompagnée d’un sentiment de gêne et même de honte.

 

 

Les phobiques sociaux prêtent une grande attention aux comportements des autres et les interprètent toujours négativement. Ils ont l’impression que les autres les rejettent ou les critiquent. Ils ont souvent une faible estime d’eux-mêmes et de nombreuses pensées négatives comme Je suis nul, Je ne vais pas y arriver.

 

 

Les principales peurs des phobiques sociaux

 

Les principales peurs et situations redoutées par les phobiques sociaux sont : 1- la peur de prendre la parole en public ; 2- la peur de rougir en public ; 3- la peur de participer à des réunions ; 4- la peur des situations de performance (examens, tests, etc.) ; 5- la peur d’être taquiné ; 6- la peur de téléphoner à des personnes non-familières ; 7- la peur d’avoir une conversation ; 8- la peur de rencontrer des personnes inconnues ; 9- la peur d’être observé ; 10- la peur d’exécuter une performance devant des gens.

 

 

Les répercussions dans la vie de la personne

 

La phobie sociale s’apparente ainsi à une timidité extrême et pathologique ayant des répercussions importantes sur la vie sociale, familiale et professionnelle des personnes qui en sont atteintes. Au niveau de la sphère sociale, l’anxiété sociale peut limiter les activités de loisir ou occasionner une difficulté à avoir des relations amoureuses. Au niveau de la sphère professionnelle, cela peut résulter en une difficulté à assister à des réunions ou à interagir avec les collègues. Nul doute, la phobie sociale est à l’origine d’une grande souffrance pour les personnes atteintes et elle impacte négativement leur qualité de vie.

 

 

Comment combattre l’anxiété sociale : les traitements

 

L’anxiété sociale est un trouble qui se soigne et il existe des traitements reconnus. Les traitements permettent aux personnes qui présentent de l’anxiété sociale de reprendre le contrôle sur leur vie et leurs activités quotidiennes. Plus la personne consulte tôt, meilleures sont ses chances de rétablissement.

 

Dans la majorité des cas, l’anxiété sociale se traite efficacement par une psychothérapie, de l’éducation psychologique en groupe, de la médication ou par une combinaison de ces traitements.

 

La psychothérapie

 

Les experts en troubles anxieux recommandent généralement la thérapie cognitivo-comportementale. Cette psychothérapie vise à modifier les pensées, les croyances et les comportements problématiques de la personne et à les remplacer par des pensées et des réactions appropriées à la réalité.

 

La thérapie d’affirmation de soi

 

La thérapie d’affirmation de soi a pour but d’aider la personne à interagir de façon plus efficace avec les autres. Elle est très utile et efficace pour lutter contre l’anxiété sociale. Le but de la thérapie est d’amener les personnes à exprimer et à affirmer leurs opinions et leurs sentiments sans anxiété. Elle se déroule souvent en groupe et les jeux de rôle font partie des outils utilisés pour mettre les personnes dans des situations proches de situations réelles.

 

 

Les médicaments

 

Différents médicaments peuvent être utilisés pour traiter l’anxiété sociale, notamment les antidépresseurs et les anxiolytiques.

 

Les approches complémentaires

 

La relaxation peut être efficace afin de lutter contre l’anxiété qui accompagne la phobie sociale. La relaxation a pour but d’obtenir une détente musculaire et une bonne respiration.

 

 

D’autre part, de nombreuses études ont montré que l’hypnose était efficace pour réduire l’anxiété qui accompagne les phobies.

 

 

Organismes montréalais venant en aide aux phobiques sociaux

 

Deux organismes montréalais viennent en aide aux personnes atteintes d’anxiété sociale, soit Phobies zéro et Relief.

 

Phobies zéro permet aux personnes qui souffrent de troubles anxieux de bénéficier du soutien auquel elles ont droit et par lequel elles pourront, peu à peu, vivre une vie libre de peurs irrationnelles. Cet OBNL propose des groupes d’entraide et des ateliers d’autogestion des troubles anxieux. Il offre également un service d’écoute téléphonique.

 

Relief offre plusieurs services pour aider à vivre avec l’anxiété, la dépression ou la bipolarité. L’approche choisie est le soutien à l’autogestion. Relief offre aussi des groupes de soutien animés par des intervenants en santé mentale.

 

 

Conclusion

 

Tout compte fait, la personne atteinte d’anxiété sociale redoute la plupart des situations sociales, qu’elle tente d’éviter ou tolère avec difficulté. Elle a l’impression que les autres la rejettent ou la critiquent. Une combinaison de facteurs biologiques, héréditaires et environnementaux entraîne l’apparition du trouble. L’anxiété sociale est source de grande souffrance pour les personnes atteintes et elle diminue leur qualité de vie.

 

Pour terminer, plusieurs traitements permettent d’atténuer l’anxiété sociale : la thérapie cognitivo-comportementale, la thérapie d’affirmation de soi, les médicaments, la relaxation et l’hypnose. Enfin, à Montréal, les organismes Phobies zéro et Relief offrent des groupes de soutien et des ateliers d’autogestion des troubles anxieux.